Les à côté·e·s – Exposition – Immanence 15e

Lancement de l’exposition Les à côté·e·s Commissaires d’exposition : Corinne Digard et Aurélien Mole Communiqué du commissaire invité : Aurélien Mole N’étant à titre personnel pas un grand thuriféraire de l’usage du point médian, je lui reconnaiscependant une capacité expressive qui permet de changer les objets en personnes. Un à coté, définitgénéralement quelque chose, à […]

27 avril 2023

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Lancement de l’exposition Les à côté·e·s

Commissaires d’exposition : Corinne Digard et Aurélien Mole

Communiqué du commissaire invité : Aurélien Mole

N’étant à titre personnel pas un grand thuriféraire de l’usage du point médian, je lui reconnaiscependant une capacité expressive qui permet de changer les objets en personnes. Un à coté, définitgénéralement quelque chose, à priori mineur qui se place latéralement par rapport à autre chose dansun rapport qui peut aller de la subordination à l’échappatoire. Un·e à coté·e définirait alors unepersonne qui préfère la marge au centre et l’épaulement plutôt que le podium. Quelqu’un·e qui pratiquela pensée latérale en dehors de tout contexte entrepreneurial. 

L’idée du projet est de remettre au centre du jeu toutes les micros compétences qui nous constituent auquotidien. Tous les savoirs mineurs qui accompagnent et enrichissent nos expériences. Les façonspersonnelles que nous avons de nous approprier une situation imprévue. La façon dont nouscomposons avec l’incertitude. 

Bien sûr, il me vient en tête l’éloge du bricolage que fait le philosophe et anthropologue Claude Lévi-Strauss, dans son livre La pensée sauvage publié en 1962. Il y défend l’idée que le bricolage, en tantqu’activité pratique et créative, permet de développer des formes de pensée qui diffèrent de la penséescientifique occidentale. Selon lui, la·e bricoleur·euse est capable d’imaginer des solutions inattenduesen utilisant des objets du quotidien, tandis que la·e scientifique a plutôt tendance à suivre des règlespréétablies. Pour Lévi-Strauss, le bricolage est donc une forme de pensée plus flexible et plus adaptéeaux situations imprévues.

L’exposition qui ouvre à Immanence le 13 mai 2023 présente donc une accumulation de bricolages ausens Lévi-straussien du terme. Les résultats ne sont pas le fruit de recettes appliquées scrupuleusementmais plutôt d’une accumulation de solutions trouvées au fil des ateliers réalisés avec les collégien·ne·sou les résident·e·s d’établissements spécialisés. Chaque artiste est venu·e avec une idée et celle-ci s’estmodifiée et adaptée au fur et à mesure que chacun·e se l’appropriait. Au final, chaque oeuvre présentéeici est une accumulation de compétences acquises par tâtonnements et adaptées par chacun·e.

Cette façon dont les idées évoluent au sein de la pratique de l’atelier collectif m’évoque aussi lamémétique, une théorie développée par le biologiste Richard Dawkins dans son livre Le Gène égoïstepublié en 1976. Cette théorie étudie la propagation des idées, des comportements et des cultures àtravers la société, en utilisant le concept de « mème » pour décrire les unités de transmission culturelle.Selon Dawkins, un « mème » est une unité d’information culturelle qui se transmet d’une personne àune autre par imitation ou par communication. Les « mèmes » peuvent prendre la forme decomportements, de croyances, de rituels, de langages, de modes, de chansons, de blagues, etc. Commeles gènes, les « mèmes » se propagent et se reproduisent, et ils peuvent évoluer et se modifier au fil dutemps. Tous comme les gènes, l’objectif premier des « mèmes » est leur survivance par perpétuation.

Mais il ne s’agit pas d’une survivance à l’état pur : un « mème » a d’autant plus de chance de se diffuserqu’il s’enrichit ou améliore d’autres idées. Les à coté·e·s, qu’il·elle·s soient individus, compétences ousituations, sont ce terreau fertile dans lequel se développent les idées. Il·elle·s sont à la fois ce qui épauleles projets et les lignes de fuites qui portent son évolution.

Artistes : Joan Ayrton, Maxence Chevreau, Romain Dumesnil, Raphaël Garnier, Louis Gary, Nicolas Giraud, My-Lan Hoang-Thuy, Aurélie Jacquet et Maude Bouhenic, Jeanne Kamptchouang, Lucie Khahoutian, Pierrick Mouton et Milan Otal, Rafaël Moreno, Constance Nouvel, Clément Rodzielski, Charlotte Seidel, Anna Solal et Morgane Porcheron, Jay Tan, Jocelyn Villemont

Avec les participant·es et les enseignant·es des collèges/ établissements :
République (Bobigny), George Braque (Paris, 13ème), Jean Wiener (Champs-sur-Marne), Jules Michelet (Saint-Ouen), Denecourt (Bois Le Roi), Courteline (Paris, 12ème), Paul Painlevé (Sevran), Beaumarchais (Meaux), Suzanne Lacore (Paris, 19ème), Daniel Mayer (Paris, 18ème), Joliot Curie (Stains), Nicolas Tronchon (Saint-Soupplets), Françoise Dolto (Paris 20ème), René Goscinny (Vaires-sur-Marnes), IME Les Moulins Gémeaux & EHPAD Ma Maison Petites Sœurs des Pauvres (Saint-Denis), Charles Péguy (Verneuil L’Étang), EREA Alexandre Dumas (Paris, 15ème), Beau Soleil (Chelles).