Les à côté.e.s

13/05/23 > 03/06/23

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Commissariat saison 2021-2022 :

Corinne Digard et Aurélien Mole

 

Communiqué du commissaire invité, Aurélien Mole :

 

N’étant à titre personnel pas un grand thuriféraire de l’usage du point médian, je lui reconnaiscependant une capacité expressive qui permet de changer les objets en personnes. Un à coté, définitgénéralement quelque chose, à priori mineur qui se place latéralement par rapport à autre chose dansun rapport qui peut aller de la subordination à l’échappatoire. Un·e à coté·e définirait alors unepersonne qui préfère la marge au centre et l’épaulement plutôt que le podium. Quelqu’un·e qui pratiquela pensée latérale en dehors de tout contexte entrepreneurial.  

 

L’idée du projet est de remettre au centre du jeu toutes les micros compétences qui nous constituent auquotidien. Tous les savoirs mineurs qui accompagnent et enrichissent nos expériences. Les façonspersonnelles que nous avons de nous approprier une situation imprévue. La façon dont nouscomposons avec l’incertitude.

 

Bien sûr, il me vient en tête l’éloge du bricolage que fait le philosophe et anthropologue Claude Lévi-Strauss, dans son livre La pensée sauvage publié en 1962. Il y défend l’idée que le bricolage, en tantqu’activité pratique et créative, permet de développer des formes de pensée qui diffèrent de la penséescientifique occidentale. Selon lui, la·e bricoleur·euse est capable d’imaginer des solutions inattenduesen utilisant des objets du quotidien, tandis que la·e scientifique a plutôt tendance à suivre des règlespréétablies. Pour Lévi-Strauss, le bricolage est donc une forme de pensée plus flexible et plus adaptéeaux situations imprévues.

 

L’exposition qui ouvre à Immanence le 13 mai 2023 présente donc une accumulation de bricolages ausens Lévi-straussien du terme. Les résultats ne sont pas le fruit de recettes appliquées scrupuleusementmais plutôt d’une accumulation de solutions trouvées au fil des ateliers réalisés avec les collégien·ne·sou les résident·e·s d’établissements spécialisés. Chaque artiste est venu·e avec une idée et celle-ci s’estmodifiée et adaptée au fur et à mesure que chacun·e se l’appropriait. Au final, chaque oeuvre présentéeici est une accumulation de compétences acquises par tâtonnements et adaptées par chacun·e.

 

Cette façon dont les idées évoluent au sein de la pratique de l’atelier collectif m’évoque aussi lamémétique, une théorie développée par le biologiste Richard Dawkins dans son livre Le Gène égoïstepublié en 1976. Cette théorie étudie la propagation des idées, des comportements et des cultures àtravers la société, en utilisant le concept de « mème » pour décrire les unités de transmission culturelle.Selon Dawkins, un « mème » est une unité d’information culturelle qui se transmet d’une personne àune autre par imitation ou par communication. Les « mèmes » peuvent prendre la forme decomportements, de croyances, de rituels, de langages, de modes, de chansons, de blagues, etc. Commeles gènes, les « mèmes » se propagent et se reproduisent, et ils peuvent évoluer et se modifier au fil dutemps. Tous comme les gènes, l’objectif premier des « mèmes » est leur survivance par perpétuation.

 

Mais il ne s’agit pas d’une survivance à l’état pur : un « mème » a d’autant plus de chance de se diffuserqu’il s’enrichit ou améliore d’autres idées. Les à coté·e·s, qu’il·elle·s soient individus, compétences ousituations, sont ce terreau fertile dans lequel se développent les idées. Il·elle·s sont à la fois ce qui épauleles projets et les lignes de fuites qui portent son évolution.

 

Biographie : 

 

Aurélien Mole est né en 1975 à Téhéran. Diplômé de l’école du Louvre en histoire de la photographie, il a poursuivi son cursus à l’école nationale supérieure de la photographie à Arles et l’a conclu par une formation sur les pratiques de l’exposition dirigée par Catherine Perret et Christian Bernard. Son travail a fait l’objet d’une exposition personnelle à la Galerie Lucile Corty en 2009 (En bonne intelligence), à Marseille en 2011 (Sir Thomas Trope avec julien Tiberi), à la villa du Parc en 2012 (Sir Thomas Tropeavec julien Tiberi), à la galerie Dohyang Lee en 2014 (La forêt Usagère), à Passerelle en 2015 (Bénin) et à Clarkhouse à Bombay en 2016 (Liberty Taken Appart). Il a participé à de nombreuses expositions collective en France et à l’étranger (If I can’t Dance I don’t want to be part of your révolution, Van Abbe Museum, Eindhoven ; Double Bind, Villa Arson, Nice ; Riding the Frothing Thread, Jaus, Los Angeles ; Clouds in the cave Fri-Art Fribourg).
Par ailleurs, il a publié régulièrement dans le magazine Art21, des critiques ayant trait à l’exposition ainsi que des monographies sur des artistes contemporains (Aurélien Froment, Guillaume Leblon, Gaël Pollin…) et publie régulièrement des textes théoriques comme récemment Les artistes iconographes avec Garance Chabert, sorti chez Empire press en 2018 et réédité en 2020.
En 2019, il publie Stud avec Aurélie Jacquet un livre de photographies réalisées alors qu’ils étaient étudiants à dix années d’écart à l’ENSP d’Arles. L’ouvrage distribué aux Presses du Réel est mis en page par Syndicat.
Il réalise aussi des expositions basées sur des dispositifs au sein du collectif le Bureau/ (Un Plan Simple, Maison Populaire de Montreuil, en 2009, Le Syndrome de Bonnard, Villa du Parc 2014) et en son nom propre (Les Images Vieillissent Autrement que Ceux qui les Font en 2012 au CNEAI, Les Référents, avec Etienne Bernard à Gennevilliers en 2012, Véronique avec  Julien Carreyn et Un être un acte, un lieu, un objet avec Eric Tabuchi en 2019 ainsi que How Does one portray the wind avec Marceline Delbecq en 2020 à partir de la collection photographique des FRAC de la région Grande Aquitaine).
Depuis 2008, il réalise la documentation photographique de nombreux artistes, institutions et galeries. Enfin, il est l’un des membres fondateurs de la revue consacrée à la vue d’exposition : Postdocument (www.postdocument.net). En parallèle à ces quelques activités, il a enseigné durant deux ans dans le Nouveau Département de l’ENSA de Nancy.

 

Ici, la note d’intention du commissaire Aurélien Mole.

 

Pour plus d’informations, vous pouvez télécharger le Dossier de presse!