Un discret bijou / Bétonsalon – Centre d’art et de recherche Bétonsalon - Centre d'art et de recherche

15/06/19 > 15/06/19

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Commissariat saison 2018 – 2019 : Corinne Digard et Marion Vasseur Raluy

Graphisme : Martha Salimbeni

 

Artistes : Théodora Barat, Julie Beaufils, Cécile Bouffard, Matthieu Blond, Corentin Canesson, Hélène Carbonnel, Grichka Commaret, Lauren Coullard, Morgan Courtois, Kim Farkas, Adrien Genty, Josquin Gouilly Frossard, Christophe Herreros, Gaëlle Leenhardt, Guillaume Maraud, Nicolas Momein, Camille Rosa, Liv Schulman, Raphaëlle Serre et Clara Stengel.

 

Avec les adolescents des collèges Alain Fournier (Paris 11e), Beau Soleil (Chelles), Claude Debussy (Aulnay-sous-Bois), Colonel Fabien (Montreuil), Dora Maar (Saint-Denis), Françoise Dolto (Paris 20e), Georges Politzer (La Courneuve), Gustave Flaubert (Paris 13e), Jean Wiener (Champs-sur-Marne), La Mare aux Champs (Vaux-le-Pénil), La Vallée (Avon), Le Grand Parc (Cesson), Léonard de Vinci (Saint-Thibault-des-Vignes), Louis Brailles (Esbly), Paul Painlevé (Sevran), Pierre Mendès France (Paris 20e), René Descartes (Tremblay-en-France) et République (Bobigny). Ainsi que ceux de l’IME Les Moulins Gémeaux à Saint-Denis.

 

Un discret bijou, Premier volet de la saison 2018 – 2019

Le 15 juin 2019 à Bétonsalon – Centre d’art et de recherche

9 Espl. Pierre Vidal-Naquet 75013 Paris

De 12h à 16h30

 

Accès :

Métro Ligne 14 ou RER C, Arrêt Bibliothèque François Mitterrand (sortie 3 Goscinny)
Bus 62, 89 et 132 arrêt Bibliothèque François Mitterrand, bus 64 arrêt Tolbiac-Bibliothèque François Mitterrand, bus 325 arrêt Thomas Mann
Tram T3a arrêt Avenue de France

 

Pendant une journée, nous vous invitons pour un temps de restitution et de célébration – de manière parcellaire et vivante – des ateliers menés en 2018 – 2019 par les vingt artistes et les adolescents des collèges de Seine Saint-Denis, de Paris et de Seine-et-Marne. Projections videos, publication, performances, podcast, fanzine, sculptures, installations, discussions et déjeuner seront partagés collectivement afin d’approfondir les questions autours des enjeux pédagogiques et artistiques du projet.

 

Programme détaillé de la journée (susceptible de modifications)

 

12h – 14h : Lancement de la publication conçue et réalisée par Martha Salimbeni
Déjeuner partagé avec des installations des adolescents du collège Pierre Mendès France à Paris et de Grichka Commaret, des adolescents du collège Colonel Fabien à Montreuil et de Raphaëlle Serre

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14h – 14h45 : Discussion entre Guillaume Maraud et Charlotte Veglia, enseignante en Ulis au collège Beau Soleil à Chelles

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14h45 – 15h : Ecoute du podcast des adolescents du collège Léonard de Vinci à Saint-Thibault-des-Vignes et d’Hélène Carbonnel
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15h – 15h45 : Discussion entre François Bertho, enseignant en Ulis au collège Françoise Dolto à Paris, Corinne Digard et Marion Vasseur Raluy, sur le travail mené avec les adolescents et Kim Farkas

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16h – 16h15 : Intervention performance de Matthieu Blond, annonce de son atelier avec les adolescents du collège République à Bobigny

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Note d’intention 

 

« Mon histoire avec le handicap n’est pas une histoire singulière. Elle est le lot commun de nombreuses familles touchées parfois plus ou moins directement par une histoire similaire. Mon oncle est ainsi né après que ma grand-mère ait eu la toxoplasmose. Il cumule plusieurs formes de handicaps à la fois physique et mental. Dire que nous abordions en tant qu’enfants sa différence avec naïveté ou douceur serait mentir. Mon oncle nous faisait peur à mes cousins, ma sœur et moi. Il nous arrivait de l’énerver à tel point qu’il nous poursuivait pour nous chasser. Il nous semblait trop différent, par son physique, sa difficulté d’élocution, sa manière de se mouvoir et même de manger. D’une certaine manière certains éléments en lui nous séparaient et nous écartaient de ce qu’il pouvait vivre, de sa manière singulière de percevoir le monde. Parce qu’il est aveugle, mon oncle a développé un goût prononcé pour la musique, il aide depuis toujours ma grand-mère a certaines tâches domestiques quotidiennes, il aime manger et boire, il offre le champagne à Noël. Sa différence, si elle m’a fait peur enfant, m’a appris à comprendre que quiconque nait en ce monde, cherche à y trouver sa place, y développe des goûts, une joie intime. Mon oncle fut donc l’incarnation pendant très longtemps d’une dissemblance, accueillie par la famille comme un être à chérir mais qui ne pourrait pas s’adapter aux contraintes et aux normes que la société nous impose.

 

Lorsque j’ai été invitée par Corinne Digard à participer au projet Orange Rouge en tant que commissaire invitée, cette histoire familiale a refait surface, le poids, les difficultés, l’anxiété qu’elle porte en elle m’a accablée. En parallèle, je menais des recherches sur les relations d’influence entres les arts visuels et le théâtre, pressentant depuis toujours son caractère cathartique et émancipateur. Constatant que de nombreux metteurs en scènes et danseurs ont accompagné des pratiques différentes d’adolescents et d’adultes en situation de handicap et que le monde du handicap s’est inscrit de manière prégnante dans le monde du théâtre, je me suis interrogée sur comment les arts visuels – de leur côté – avaient pu intégrer des modalités de pensées et de fonctionnement différentes ? D’une part, je découvrais de nombreuses compagnies et de nombreux metteurs en scène : Jérôme Bel, le théâtre du cristal et le théâtre de l’Entresort qui travaillent régulièrement avec des acteurs handicapés, permettant à des personnes atteintes de troubles mentaux de se placer en tant que sujet. D’autre part, je constatais que dans les arts visuels, le handicap physique est souvent représenté en tant qu’objet d’étude. Louise Bourgeois, Matthew Barney ou encore Dorothea Tanning se sont interrogés sur la manière dont on perçoit le handicap physique, l’amputation des corps et sa fétichisation y sont beaucoup représentés. Ainsi le projet d’Orange Rouge pour la saison 2018-2019 s’intéresse aux relations liminales qui associent les arts visuels, le théâtre et le handicap. C’est à l’intersection et dans la rencontre de ces mondes que ce projet souhaite jouer un rôle.

 

Orange Rouge est à la fois une plateforme, un lieu d’expérimentation et un laboratoire qui tente, dans le cadre d’une rencontre singulière entre des artistes et des adolescents ayant des troubles mentaux, de créer un espace d’émancipation, de créativité et de prise de parole. Au cours des précédentes éditions et depuis plus de dix ans déjà, l’association a évolué proposant chaque année de travailler avec un commissaire différent. Ainsi, elle a pu se réinventer, créer de nouvelles formes d’expositions et de nouveaux types d’échanges pour les adolescents. Pour la saison 2018-2019 nous avons réuni pour la première fois, vingt artistes au lieu de douze les années précédentes, offrant ainsi une nouvelle ampleur et de nouvelles perspectives au projet. Cette année, les vingt artistes invités sont : Théodora Barat, Julie Beaufils, Matthieu Blond, Cécile Bouffard, Corentin Canesson, Hélène Carbonnel, Grichka Commaret, Lauren Coullard, Morgan Courtois, Kim Farkas, Adrien Genty, Josquin Gouilly Frossard, Christophe Herreros, Gaëlle Leenhardt, Guillaume Maraud, Nicolas Momein, Raphaëlle Serre, Camille Rosa, Liv Schulman et Clara Stengel. Le projet cherchera à produire, sous différentes formes, des œuvres qui interrogent les relations d’influences qui existent entre le théâtre et les arts visuels et l’intégration du handicap à ces réflexions. Actuellement, Orange Rouge compte parmi les seules associations françaises à proposer un travail collaboratif de cette nature et les initiatives venant des artistes eux-mêmes restent très limitées sur ce sujet. Dans un article sur le handicap en relation à l’art contemporain, Simone Korff Sausse expliquait qu’ : « il ne faut pas négliger le besoin des humains d’un au-delà : au-delà des contingences matérielles, des déterminations biologiques, des fonctionnalités pragmatiques. » [1] Cet au-delà est celui que les artistes atteignent dans leur travail et celui auquel nous aspirons tous. »

 

Marion Vasseur Raluy

 

 

[1]  Simone Korff Sausse, “La mise en images du corps handicapé dans l’art, contemporain”, ALTER, European Journal of Disability Research 4, 2010, p. 82–93
Détails des projets et événements à venir.


Marion Vasseur Raluy est curatrice indépendante et critique d’art.

De 2014 à 2016, elle a co-dirigé la galerie d’art Shanaynay (Paris) avec Ana Iwataki.

Elles travaillent en collaboration sur plusieurs expositions : Julie Beaufils (Balice Hertling, Paris, 2018), Art Viewer Screen (2017), Nothing Recedes like failure (Mortadelle, Arles, 2016), Beloved in the landscape (New Bretagne Belle Air, Essen, 2016), Some of my best friends are germs (DOC!, Paris, 2016), Les négligences volontaires (Shanaynay, Paris, 2016).

Elle est également contributrice régulière pour la revue 02 et le Quotidien de l’art.