François Lancien-Guilberteau Le musée et l’école
Collège Beau Soleil, Chelles (77)
2015
« Un élève qui n'osait jamais dessiner, a tenté de dessiner son "avatar" en tout petit. On l'a agrandi avec la photocopieuse jusqu'à ce que son dessin soit de la même taille que ceux des autres élèves. Ainsi exposé, le dessin a fait la fierté de son auteur. Depuis il use du dessin pour exprimer beaucoup de ses problématiques.
Une fois de plus, je suis satisfaite de cette rencontre. Je trouve que les élèves les plus en difficulté profitent vraiment de ce type de projet et les autres ne peuvent que s'enrichir. [...] Les autres élèves du collège ont pu y participer. Nous avons de la chance de goûter un peu à cet univers.»
Charlotte Veglia, enseignante
Pour son atelier, François s’est inspiré d’un de ces phénomènes de mode, engouements collectifs aussi soudains que contagieux surtout lorsqu’ils concernent les adolescents, le pic de popularité des phénomènes trendy étant généralement concomitant de leur disparition. Quand l’atelier débuta, c’était la mode des tennis à LED, qui ont d’ailleurs fait l’objet d’une réglementation dans certains lycées pour cause de perturbation.
François a acheté des tennis LED pour tous les élèves de son groupe, avec lesquels il a ensuite tenté d’organiser, au collège, un événement festif autour de ces chaussures lumineuses, ainsi utilisées comme signe de ralliement. Seraient-elles le vecteur efficace d’une communication avec les autres classes ? François et ses élèves sont allés informer chaque classe que les ULIS organisaient un événement : un rendez-vous était donné sous le préau, tel jour et à telle heure, avec pour consigne de porter les tennis. Les participants furent peu nombreux, pour de multiples raisons : difficulté à créer une synergie interclasse, crainte de se faire remarquer, de se faire prendre en photos, prévention contre les ULIS perçus comme trop marginaux. Néanmoins, les photos en témoignent, il y a eu «événement», un rassemblement – bref, on s’est amusé – qui fait penser aux performances qui ont fait date et sont entrées dans l’histoire de l’art, malgré le peu de témoins, voire sans aucun public. Finalement, cet atelier apparaît comme un esquif naviguant à contre-courant des phénomènes main-stream – que ce soit une mode ou le fait de la normalité scolaire. Une situation s’est construite à partir de la queue d’une comète, que François a fait scintiller : aux pieds des élèves, sur les visages et dans maints moments qu’aucun appareil photo ne peut saisir.
Le projet a reçu le soutien du Conseil Général de Seine-et-Marne, au titre de l’aide à la Résidence.