L’artiste
Faire est une nécessité. Je ramasse les matières dans les environnements dans lesquels je me trouve. Je fabrique souvent mes outils par souci d’autonomie et d’économie de moyens.
Peu importe l’échelle, elle peut varier du petit au grand, en fonction du temps et de l’espace qui me sont donnés pour travailler. J’éprouve sensiblement les lieux par observation et immersion dans le paysage : forêts, montagnes, pâturages, collines, grottes, rivières, plage, fonds marins, village, ville... La sculpture est pour moi un moyen d’en exprimer les spécificités. Je tente d’avoir un regard profond sur les choses qui m’entourent, le paysage, sa météorologie, les êtres qui y vivent ou qui y ont vécu.
Je souhaite que les formes que je crée soient intemporelles. Je me sens aussi proche des anciens que de mes contemporains. Avec mes mains j’explore les styles et les techniques de fabrication sans hiérarchie et sans chronologie. Pour moi, les objets sont des réservoirs, ils contiennent des histoires vécues, celle de la matière dont ils sont constitués, celle des techniques et celle de leur usage.
J‘envisage la sculpture comme un temps de latence, où assis au bord d’une rivière je m’arrête spontanément pour graver un galet du poisson que je viens de voir filer dans l’eau. De fait, les idées et les matériaux sont intrinsèquement liés aux paysages que j’arpente, je ne peux imaginer une œuvre sans lien avec le sol d’où elle provient. Je sculpte une pirogue dans le tronc d’un arbre mort et je navigue avec dans les méandres de la rivière à proximité. Par leur utilisation et leur déplacement, j’attire l'attention sur les ressources que je prélève dans les milieux.