Cécil Serres Jamais tranquilles

Collège Beau Soleil (Chelles)

2023

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L’artiste

« Je suis engagée dans une pratique mixte qui consiste en la création d’objets et d’installations parfois habitées, qui traversent simultanément les champs de la peinture, de l’image, du volume et de la performance. Ces propositions germent d’un imaginaire narratif et mettent en scène des personnages, humains ou non.
Il y a dans ce que je crée une volonté de care, de « prendre soin », qui repose aussi, dans le même temps, sur une nécessité de « racheter la faute », de réparer (rédimer). Cela se manifeste tout particulièrement par un attachement à réveiller des formes d’animalité, dans un processus tragi-comique de réconciliation qui menace d’aboutir à la « revanche » possible du sauvage sur l’humain.
Je cherche à lier ces éléments hétérogènes par la matière régurgitée, le silicone souillé. Cette matière magmatique, omniprésente dans mon travail, rejoue la viscosité des différentes humeurs ou fluides impalpables. Mon geste artistique consiste souvent à rendre flou, ramollir, mélanger, poisser ou faire fondre le rigide d’un corps, ou l’immuable apparent d’une situation. En collant le « doux sur le dur », geste défini par Michel Serres comme le lieu du comique, j’adopte une posture irrévérencieuse de résistance souple au réel. Ainsi, si mon langage plastique touche au clownesque, j’explore également à la manière de Frankenstein le devenir organique de la forme composite au sein d’un univers de fiction. »
- Cécil Serres

« Je suis très satisfait·e pour le moment car l’échange avec la classe (enfants /adultes compris·e·s) a été merveilleux et je garde vraiment un souvenir extraordinaire de mon temps passé avec iels. Aussi nous avons fait de grandes découvertes, et les formes proposées sont très interessantes. » - Cecil Serres»

« Chaque année, je vois les progrès des élèves. Au niveau scolaire, ils sont plus acteurs de leur projet scolaire. Au niveau personnel, beaucoup se connaissent davantage grâce aux projets Orange Rouge qui leur apprennent à se faire confiance et à oser s'exprimer et exprimer leurs compétences artistiques qui leur sont propres. Oser ne pas faire comme les autres. C'est impressionnant de voir les élèves qui cherchent toujours à ressembler au maximum aux autres élèves du collège, aux élèves "ordinaires" de retrouver un lieu où ils peuvent exprimer leur originalité, "leurs bizarreries" à fond, c'est très précieux pour certains d'entre eux. Le projet leur a permis de développer des compétences manuelles (couture, modelage, poterie) mais aussi d'oser s'exprimer et de prendre confiance à travers leur production. Cette année le projet a aussi changé le regard des élèves sur le dispositif ULIS. Ils ont vu leur salle se transformer et prendre des allures nouvelles. » - Charlotte Veglia (coordinatrice ULIS du collège)

Le projet

« Au départ, il s’agissait d’intervenir sur son propre corps avec des accessoires et du maquillage. L’idée était de créer des avatars étranges, de les prendre en photo puis de les distordre par outil informatique. Ils auraient été imprimés en grand format en papier dos bleu et marouflés sur le mur. Il avait été évoqué l’idée d’un atelier classe verte à Moulin au musée du costume, abandonné faute de budget.

Finalement, j’ai choisi d’occuper la salle de classe pendant deux semaines intenses, où nous avons transformé l’espace en atelier. J’y ai apporté une sorte de « model », une sculpture point de départ qui avait servit de répétition générale à la résidence. Nous avons réalisé avec les enfants, Charlotte et les AVS, 5 mannequins grandeur nature. Ils reprennent l’idée des avatars d’élèves. Ceux-ci jouent, non sans ironie, des attitudes passives d’ados « typiques », ce qui a permis d’aborder les histoires de stéréotypes corporels et posturales.

Ces élèves de classes de paille et de scotch sont aussi des épouvantails, et endossent une stature de « gardiens » de la classe. Leurs corps se sont ornés d’accessoires protecteurs ou « augmentateurs » de leurs corps. Nous leur avons créé toute une panoplie de gadgets en céramique. La cuisson a eu lieu au CAP de Chelles, avec l’aide du service culturel de Chelles. »

– Cécil Serres

 

Les personnages sont en post-production chez l’artiste à Marseille (couture et cuisson des pièce). Ils seront valorisés lors d’une performance à la patinoire en octobre ou novembre, avec les jeunes du dispositif ULIS et des enfants patineurs.

 

Photographie ©Cecil Serres