Djamel Kokene Blinded Act

Lors de sa dernière année d’étude en art et philosophie esthétique, Djamel Kokène élabore le concept d’artiste-stagiaire fondé sur une capacité d’adaptation, de construction perpétuelle. Il développe ainsi le dispositif pédagogique d’Ecole Mobile, expérimentée à Alger en 2006, puis en 2007 à l’ENSA de Bourges, au Caire (Bourse Villa Médicis Hors les Murs) en 2008, et à Shanghai courant 2010. Il engage dans ce cadre une réflexion sur les modalités de production et d’enseignement de l’art dans le contexte de la globalisation. L’ambivalence, la contradiction comme la dichotomie que suscitent le langage et la pensée, constituent pour lui un moyen d’investigation qu’il inscrit dans l’image, dans sa limite visuelle, auditive et linguistique. Ce qui attire son attention et guide sa recherche est la façon dont nos comportements, nos actes se modifient tout en cherchant à contourner et faire prévaloir la figure multiple de l’artiste.
Source : galerie Anne de Villlepoix.

« Dans l’histoire de l’art occidentale la vue constitue la base même de l’expérience de l’œuvre d’art qu’elle soit architecturale ou objet d’exposition. Dans son ensemble, la création artistique s’est toujours appuyée sur la vision au détriment des autres sens que sont l’ouïe, l’odorat ou le toucher ».
Si la question des normes apparaît pour Djamel Kokene comme essentielle c’est qu’elle réduit notre expérience au monde. Ainsi de l’agencement standardisé de l’habitat individuel et plus particulièrement de la chambre destinée à l’adolescent, lieu intime et de construction de la singularité. L’artiste propose ici d’interroger cette norme en ré agençant les éléments qui la constituent – les lattes d’un lit, une lampe, une chaise de bureau – en vue de leur donner une autre consistance formelle et visuelle. Déterritorialisant ces objets il recouvre d’un tapis l’ensemble de ce mobilier. De cet agencement formel surgit un univers ambigu, entre objet prêt à l’usage et paysage étrange générant sa propre réalité.
Blinded act tente de restituer le regard d’un nouveau venu dans le visible contemporain et qui n’en maîtriserait pas les conventions.