Marylène Negro Faces à Faces

Collège Pierre Alviset, Paris (5e)

2009

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L’artiste

Marylène Negro, plasticienne et vidéaste, est l’auteure d’une cinquantaine de films réalisés depuis 1997, parmi lesquels Girafe (1999), Le Pont (2001), Elding (2006), A Whiter Shade (2009). Grande paysagiste, elle travaille de plus en plus à partir d’images fixes auxquelles elle imprime des mouvements inédits : mouvements techniques de l’exploration visuelle (souvent un agrandissement imperceptible et continu, ou un passage du jour à la nuit), mouvements psychiques de la méditation et de la révélation. Parfois, il s’agit de brefs prélèvements dans le réel (Ravalement, 2001, Message, 2006), que le geste d’arrachement au continuum du réel transforme en fétiche visuel. Montrée dans le monde entier (récemment : Tate Modern, Osaka…), son œuvre s’expose aussi bien en galerie et musée d’art qu’en salle de cinéma.

« En tant qu’enseignante spécialisée dans le handicap, je dois dire que ce projet [...] a changé ma façon de concevoir mon année d’enseignement en UPI. [J'étais] jusque là très réticente à l’idée de brouiller les repères difficilement mis en place pour ces élèves aux besoins très spécifiques en introduisant une personne et un projet extérieurs au collège [...]. Dorénavant, je ne conçois plus d’apprentissages sans projet artistique de classe conduit par un(e) artiste reconnu pour ses capacités à créer collectivement avec des élèves en situation de handicap. »

Christine Tallon-Gascuel

Le projet

Le projet a consisté dans la réalisation d’un documentaire sur les animaux, filmés par les adolescents. Il leur a été proposé de porter un regard sur l’autre, l’animal. Portés par l’intuition qu’il y a quelque chose à saisir de l’animal qui se présente à eux, les élèves ont filmé un corps, un déplacement, un regard, un paysage. Ces images nous font partager ce qu’ils ressentent en la présence de l’animal, ce que celui-ci provoque en eux.

 

A propos du film l’artiste déclare : « Les neuf élèves de la classe ont filmé chacun avec une petite caméra numérique qui leur a été personnellement confiée. Ils ont très vite adopté cet instrument facile à manier, mis entièrement à leur disposition, chaque élève responsable de sa caméra. À eux neuf ils signent cette vidéo, dont ils ont tourné toutes les images. Le générique, où ils se filment entre eux, témoigne de cette tentative d’échange. Partant de ma proposition, chacun est allé à la rencontre d’un animal et s’est amusé à créer un bestiaire, filmant par exemple un boa démesuré, une superbe panthère, un drôle d’orang-outan, ou de colossales tortues.(…) À l’image de son personnage principal à la fois distant et présent, chacun, fragile replié sur son monde, aborde avec tendresse le thème de la représentation. Épiant le moindre de ses gestes, il confère à son personnage une véritable grâce, sans enfermer l’autre dans une image. Faces à faces est un film très simple dans sa forme. Il se voit comme un poème aux images fragiles et muettes, teintées de légèreté. Des réseaux de sens s’installent, disparaissent, reviennent, avec une sensibilité touchante. Offerts aux regards, les animaux nous renvoient des personnalités étranges, qui demeurent mystérieuses jusqu’au bout. Ce qui compte ici n’est pas tant le film, que le geste de sa création. Soit le film dans son plus simple appareil, cette caméra que l’on actionne. C’est le partage qui compte. Et le film est le plus bel art pour créer du partage ».