Sur l’envers Poush, Aubervilliers

16/02/24 > 09/03/24

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Dossier de presse

Commissariat saison 2022 – 2023 : Andréanne Béguin et Corinne Digard  

 

 

 

 

Beau Soleil (Chelles), Dora Maar (Saint-Denis), Françoise Dolto (Paris 20), Jean Lolive (Pantin), EREA Alexandre Dumas (Paris 15), Jean Vilar (Villetaneuse), Pierre Mendès (Paris 20), Jules Michelet (Saint-Ouen), Suzanne Lacore (Paris 19), Beaumarchais (Meaux), Nicolas Tronchon (Saint-Soupplets), La Maillière (Lognes), IME Les Moulins Gémeaux & EHPAD “Ma Maison” Petites Soeurs des Pauvres (Saint-Denis), Denecourt (Bois Le Roi), Jean Wiener (Champs-sur-Marne), République (Bobigny), Daniel Mayer (Paris 18), René Goscinny (Vaires-sur-Marne), George Braque (Paris 13)

 

 

Communiqué de la commissaire invitée : Andréanne Béguin  

 

Selon la notion historiographique définie par la médiéviste Barbara Rosenwein – telle que la société est un agrégat et croisement de groupes sociaux, qui parfois sans même se connaître, partagent des valeurs et des modes d’expression émotionnels – l’équipée d’Orange Rouge pourrait être considérée comme une communauté émotionnelle, éphémère et constellée. Les vingt groupes d’artistes-adolescent·es ne se sont jamais rencontré·es, mais pendant une année, mû·es par l’aventure de création d’une œuvre collective, ils et elles ont traversé des expériences émotionnelles similaires, exprimées ou expérimentées plastiquement : la joie, la surprise, le doute, l’émerveillement, l’ennui, la fierté, la frustration … Un défilé d’émotions qui aura infusé les moments partagés et gravite autour des formes créées comme une aura. Une palette de couleurs vécues qui pourraient composer un nuancier de saison.   Les dates de l’exposition Sur l’envers correspondent à celles de la Fashion Week de Paris « Automne/Hiver », semaine de toutes les extravagances, pendant laquelle les maisons de couture se disputent des lieux de plus en plus insolites pour présenter leurs collections. Après le passage d’Emily in Paris dans une ancienne usine de Romainville, les bâtiments industriels, comme l’est le site de Poush, suscitent l’intérêt des scénographes de défilé. S’amusant de cette coïncidence de calendrier, et s’inspirant des vingt œuvres créées pour la saison, dont les tonalités sont tour à tour celles de la parade et du refuge, l’exposition est pensée comme un reflet inversé d’un défilé de la Fashion Week, où chaque paramètre emblématique se retrouve subverti par les œuvres et leur disposition. Elle s’approprie librement et métaphoriquement la binarité symbolique et architecturale qui oppose le catwalk et le backstage. Le podium, d’un côté, cette piste surélevée, centre de l’attention, lieu d’émerveillements, d’envies, scène de la représentation ; de l’autre, les coulisses, lieu d’essayage, d’attente, de préparation, de confidences.   Face : des costumes, masques, robots, œuvres-banquets, les gestes répétés d’un·e conducteurice de bus, des alter-ego immortalisé·es sur diapositives … Sous les feux de la rampe, les œuvres nous rassemblent et s’exhibent sous nos yeux, joyeuses et généreuses, prennent la pose, concentrées et réceptacles d’émotions. Pile : des jeux revisités, modes d’emploi chorégraphiés, chambres en dioramas, tapis en Queelt, une serviette aux motifs hawaïens qui sèche, un groupe de scientifiques qui s’évadent. Ici dans l’ombre des coulisses, des carnets de dessins préparatoires ont remplacé les face-chart sur lesquels les Make-Up artists testent leurs couleurs. De ce côté de la piste, de l’avant-scène, on découvre des œuvres plus intimes, qui proposent des récréations ou des ressourcements. Elles nous invitent à prendre le temps, à sortir de la marche rapide, à dépasser les sept minutes quasi réglementaires des défilés.   Ici pas de navette spatiale qui décolle[1], de tempête de neige[2], ou de champs de lavande[3] mais le décor brut d’anciennes cuves industrielles. Le Genius Loci s’est glissé dans les aspérités et restes du passé et vient rencontrer la magie de la création collective.  L’architecture porte les traces de gestes, des procédés techniques déployés par la création des parfums, le traitement des matières et éléments chimiques. Les œuvres présentées ont, elles aussi, été façonnées par un chœur de mains, se croisant par l’apprentissage de techniques comme la céramique, la sérigraphie, le modelage, la photographie, la teinture végétale, l’enregistrement sonore … Pas de front-row non plus, mais quelques chaises éparpillées qui deviennent support de consultation pour les formes éditoriales créées, sorte de show-note laissées par les artistes. Tout au long de l’année scolaire, les artistes et les adolescent·es ont tissé des liens, cousu sur l’envers une trame que l’exposition rend visible. Les visiteureuses peuvent maintenant parcourir l’espace selon un aller-retour, se déplaçant d’œuvres en œuvres, allant à la rencontre des histoires encapsulées dans chacune d’elles, et en deviner la charge émotionnelle. Leurs déambulations deviennent au fil de l’exposition, une couture, qui serpente et assemble. Un patchwork retourné à l’endroit qui se fait dans le regard et l’expérience du·de lae visiteureuse, par laequel·les les points de cette constellation émotionnelle Rouge Orangée sont enfin reliés.   L’édition qui accompagne cette saison, confectionnée par le duo graphique s.y.n.d.i.c.a.t, est une publication-prête-à-porter, un objet éditorial qui une fois déplié devient un élément de costumer à enfiler, seul·e ou à plusieurs.


[1] Chanel, Chanel Ground Control, Automne/Hiver, 2017

[2] Balanciaga, Automne/Hiver 2022

[3] Jacquemus, Printemps/Été, 2019

 

 

Biographie :

 

Diplômée de Sciences Po Paris, de la Sorbonne et du Royal College of Art de Londres, Andréanne Béguin a été assistante commissaire au Barbican Centre à Londres ainsi que pour la 34ème Biennale de Sao Paulo, et commissaire associée au Cneai à Paris.  Sa pratique de commissaire indépendante joue avec les incohérences et les scories du système capitaliste et de la pensée logistique, par des confrontations entre différentes périodes historiques, notamment le Moyen-Âge. Les changements de temporalité et d’échelle opérés, avec la complicité des artistes, privilégiant des contextes hors-les-murs, donnent une place à l’anecdotique, aux marges et favorisent l’émergence de contre-discours.  En tant que commissaire indépendante, elle a été invitée à Gasworks à Londres (2021) et au CEAAC à Strasbourg (2021), au Centre Tignous à Montreuil (2023), à la Graineterie à Houilles (2024), à Mécènes du Sud à Montpellier (2024). Elle est co-commissaire de la saison 2022-2023 d’Orange Rouge. Elle a été en résidence aux Beaux-Arts de Paris pour une année (2022-2023), et sera en résidence à la Maison Populaire à Montreuil (2024) et à GENERATOR – 40mcube à Rennes (2024). Elle est lauréate du programme CURA du Cnap avec la Scène Nationale Carré-Colonnes (2024-2025).  En tant que critique d’art, Andréanne Béguin contribue régulièrement à la revue Zérodeux et a écrit pour l’Art Même et pour le Salon de Montrouge. Elle est lauréate 2023 du dispositif de Soutien à la recherche en théorie et critique d’art du Cnap.
 
Découvrez également le dossier de presse de l’exposition.
 

 

le Gouvernement Français, via l’Agence Régionale de Santé et le Programme Culture et Santé, l’Agence Nationale du la Cohésion des Territoires, la Ville de Paris et le Programme Art pour Grandir, la ville de Saint-Denis, le cille de Sevran, la Mairie du XVIII° arrondissement, la Mairie du XIX° arrondissement, la Mairie du XX° arrondissement, la CAF de Paris, la CAF de Seine-et-Marne, la CAF de Seine-Saint-Denis, le Service Civique, le Fonds Milk For Good, l’ADAGP, la SAIF, la Fondation Baker Tilly & Oratio, Jeune Création, le Salon de Montrouge, la Villa Belleville, Artagon, le 6B, le CAC Brétigny et Poush.