Camille Juthier « Les oiseaux chantent pour les fleurs ». Et moi, je fais des câlins aux arbres avec mes oreilles
Collège Nicolas Tronchon (Saint-Soupplets)
2023
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L’artiste
Camille Juthier pratique la sculpture, l'installation, la vidéo et la performance. Elle s’intéresse à la façon dont nos corps et nos psychismes, dans leur porosité, sont transformés par les milieux post-industriels au sein desquels ils évoluent. Elle explore les zones de troubles, telles que l’agriculture intensive et les méthodes de soins psychiques. Dans ses pièces, elle en restitue les agrégats, résultats de macérations et d’expériences, comme pour tirer les fils d’autres récits possibles. Elle étudie des savoirs faire pratique, les détourne, les hybride, afin de croiser les fonctions, les temporalités, les sens, vers d’autres imaginaires. Elle traverse les champs de l’artisanat et du design, pour produire des formes supports d’histoires alternatives. Ces sculptures sont parfois des assemblages à l’échelle de la main, ou des installations vouées à être expérimentées corporellement, afin de parcourir nos potentiels perceptifs.
En 2023, elle est Lauréate du programme FoRTE avec Glassbox Paris, où elle bénéficie d'une résidence et d'une exposition personnelle. Elle est également résidente d'Artagon Pantin. Elle a exposé entre autres au FRAC Pays de la Loire, à la Fondation Fiminco, à Exo Exo, aux Ateliers Médicis, à la Fondation Ricard, à la galerie 22m48 au 64e Salon de Montrouge, aux Magasins généraux, à l'Annexe, à la galerie Michel Journiac, à la Budapest Gallery, et à L’IAC Villeurbanne...
En 2023, elle est Lauréate du programme FoRTE avec Glassbox Paris, où elle bénéficie d'une résidence et d'une exposition personnelle. Elle est également résidente d'Artagon Pantin. Elle a exposé entre autres au FRAC Pays de la Loire, à la Fondation Fiminco, à Exo Exo, aux Ateliers Médicis, à la Fondation Ricard, à la galerie 22m48 au 64e Salon de Montrouge, aux Magasins généraux, à l'Annexe, à la galerie Michel Journiac, à la Budapest Gallery, et à L’IAC Villeurbanne...
« Cette expérience était dans la lignée théorique de mon travail plastique, mais m'a permis pour la première fois de réaliser un projet de cette envergure et de mettre en pratique des idées en envies de collaboration et d'application dans un cadre concret que j'avais depuis longtemps. » - Camille Juthier»
Dioussé, jeunes du dispositif ULIS, a trouvé l’artiste « très investie et sympathique. ». « Elle nous a fait partager sa motivation et ses connaissances dans ce domaine. ». Il a appris à « connaître et goûter les plantes comestibles de la forêt de Montgé. » « Cela permet de voir les élèves sous un angle différent car sortis du cadre pédagogique des apprentissages de la classe et effectivement cela peut améliorer la relation professeure élève. » - Sophie Pené (coordinatrice ULIS du collège)
Le projet
« Ce projet s’inscrit dans la continuité de ma recherche plastique et ma réflexion sur ce que les troubles psychiques entretiennent comme liens avec le corps, les sensations, et l’appréhension du monde. Il tire son titre d’une phrase de Joël Sternheimer, physicien et musicien, qui étudie les propriétés dynamiques et thérapeutiques des vibrations sonores sur les corps. » – Camille Juthier
Chaque corps possède une ou un ensemble de cellules, produisant leur propre vibration et musique. Ces-dernières constituent-elles un langage universelle permettant la collaboration entre des espèces très différentes, dans un espace donné ? Par ailleurs, les personnes ayant des troubles psychiques, tels que l’autisme, pourraient-elles renouer avec les individus neurotypiques (soit les personnes qui n’ont pas de troubles psychiques) qu’elles ont des difficultés à comprendre, à travers ce langage ?» Ces questionnements sont les objets du projet de Camille Juthier.
Le projet a débuté par l’exploration sensorielle de la forêt de Montgé. Il s’agissait ici de connecter avec les vibrations des êtres qui peuplent la forêt, de découvrir leur langage, ainsi que leur collaboration. Pour cela, Camille a fait appel à une naturopathe, qui connaît certains végétaux présents dans la forêt et leurs vertus. Cette exploration a donné au groupe l’opportunité de collecter des matières, des sons et des images, et de faire une enquête sur les ressentis des adolescent·e·s.
Après la sortie, les ateliers en classe ont débuté. Camille souhaitait expérimenter avec les adolescent·e·s l’espace classe, réaliser des objets sensoriels thérapeutiques avec les éléments qu’ils ont récoltés dans la forêt – dont Lygia Clark est l’inspiration – , discuter avec elleux et échanger sur leurs vies et ressentis. Ces moments, filmés et enregistrés par l’équipe encadrante, et surtout par elleux – afin d’avoir une trace de leur propre perception du monde en vidéo – feront l’objet d’un film-documentaire.
Tous ces éléments, à savoir les objets sensoriels, les vidéos prises par les jeunes et par le personnel encadrant et les enregistrements sonores, forment la matière première nécessaire à la production d’une installation sensorielle permanente dans le collège, inspirée des salles Snoezolen. Cette installation témoignera des perceptions singulières de chaque jeune, face aux stimuli suscités par la forêt et la classe, et du scénario qu’iels ont inventé. Cette installation servira également de décors pour la partie fictive du film-documentaire.
Grâce au prix Art Ensemble reçu par Camille Juthier, le projet a pris un nouvel ampleur et se poursuivra l’année prochaine à partir de septembre.
Photographies du projet : Orange Rouge
